Elle a le visage qui rayonne, une voix énergique et trouve les mots qu’il faut pour nous emporter dans son récit, celui d’une jeune interne en médecine de 27 ans qui vient d’accomplir l’ascension de l’Everest !

Ses propos résonnent encore dans ma tête bien après notre rencontre… Hèlène Drouin est une femme que l’on n’oublie pas. Il est vrai que son nom s’est inscrit dans l’histoire comme celui de la plus jeune française à avoir gravi le plus haut sommet du monde qui culmine à 8849 m d’altitude. Un exploit que la sportive émérite relate avec une humilité presque déconcertante. « C’était une formidable expérience qui démontre combien le corps peut se dépasser. C’est une belle leçon. Nous devons nous émerveiller de cette capacité à surmonter beaucoup de choses. Je vois des malades condamnés revenir à la vie, chacun a un Everest à gravir… »  Interne au service d’anesthésie- réanimation du CHU de Dijon, Hèlène Drouin ne ménage pas sa peine, enchainant les gardes de nuit tout en poursuivant ses études. Un emploi du temps chargé qui ne l’empêche pas de se consacrer plusieurs heures par semaine à un entrainement sportif. « Je manque de sommeil et n’applique pas de strictes règles d’alimentation. De même, je ne suis pas à cheval sur un rythme régulier d’entrainements… Le plus important c’est l’énergie, la capacité de résistance physique et mentales, la résilience et la gestion des émotions… Ma formation en médecine et mon activité au sein de l’hôpital m’ont appris tout cela. » 

Son premier glacier à l’âge de 11 ans

C’est aux côtés de sa mère savoyarde que la jeune femme découvre également le goût de l’effort et réalise ses premiers exploits. Elle gravit son premier glacier à 11 ans puis le Mont Blanc à 20 ans ! Marathon, triathlon, iron man…, Hélène Drouin est une sportive endurante et une passionnée d’alpinisme qui aspire très vite à l’ascension du Toit du monde, l’Everest. « Le rêve est devenu projet. Comme pour mes autres défis, une fois lancé je ne déroge plus à mon objectif et me donne les moyens de réussir. Mais je ne recherche pas la performance. L’ascension de l’Everest est essentiellement une question d’organisation et de logistique.» Pour réaliser cet exploit, elle s’entoure d’une agence népalaise qui organise son expédition. « Des guides hors-pairs et des alpinistes aguerris qui avaient tout anticipé, la nourriture, la tente, l’oxygène et montent le matériel à 8000 m d’altitude ! » Après une semaine d’acclimatation elle arrive au camp de base à 5300 m d’altitude pour deux semaines de préparation, de marche et de production de globules rouges ! « C’est à cette altitude que les dangers sont les plus grands car il y a un risque  d’avalanches, de crevasses, de séracs… Après 6400 m2, les principaux problèmes sont dus à une mauvaise gestion humaine. Une erreur logistique peut être fatale.» 

Enfin, le 11 mai dernier, après 13H d’ascension, Hélène Drouin arrive au sommet de l’Everest. «  L’émotion est intense, j’étais émerveillée devant un panorama spectaculaire et à la fois le milieu est hostile et ce n’est pas fin de l’effort, une longue descente difficile et dangereuse m’attendait, mon objectif était juste de rentrer saine et sauve. Arrivée au camp de base, alors les peurs se libèrent et les pleurs aussi ! »

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Mais pas question pour la jeune interne,  de faire de cette ascension un exploit uniquement personnel. C’est pour elle le moyen de lancer une collecte de fonds au profit de la recherche sur l’Hépatite B. « Lors de ma troisième année de médecine, j’ai effectué un stage au sein de laboratoire de recherche sur les hépatites virales Inserm U 1052 dirigée par le Pr Fabien Zoulim que je considère comme mon mentor dont j’admire le dévouement. L’hépatite B est la première cause de cancer du foie, or des résultats sur des traitements prometteurs permettent d’espérer pouvoir un jour éradiquer cette maladie. » Combative, pour elle mais aussi pour les autres, Hèléne Drouin entend bien se lancer de nouveaux défis… De quoi susciter une nouvelle fois toute notre admiration.

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